La vie en bleu
Je suis né autiste en décembre 1965. Ma mère ne comprenait évidemment pas pourquoi je ne réagissais pas comme tous les autres enfants. Elle a tenté par tous les moyens de m'aider (nous en avons vu des docteurs), ne sachant pas à quel saint se vouer. Elle a étudié plus tard en psychologie, mais avant de devenir psychologue, le cancer est venu la chercher en décembre 2002.
Je suis le fils illégitime d’un homme qui a souffert la majeure partie de sa vie de bipolarité (parti en décembre 2006). Il avait deux autres enfants issus d'un mariage conventionnel. Ma demi-sœur est atteinte de schizophrénie, et je ne sais pas trop au sujet de mon demi-frère car nous ne nous voyons pas beaucoup.
Bien des gens sont passés dans ma vie. Ma dernière relation (14 ans, 11 mois et 28 jours) avait une fille qui a étudié en Techniques de la santé, laquelle est devenue par la suite technicienne en éducation spécialisée. Elle-même atteinte de TDAH, elle a voulu démontrer qu'on peut soigner le TDAH et, surtout, qu’on peut aider d'autres personnes comme elle à atteindre leur plein potentiel.
À force de me côtoyer, ma belle-fille m'a mis la puce à l'oreille ; je me suis rendu compte que je souffrais possiblement d'une forme de maladie mentale. Elle n’a pas diagnostiqué ma maladie, mais elle m’a plutôt dirigé vers des ressources dont elle savait l'existence. J'ai fait mes propres recherches et découvert, à 50 ans, que j'étais un autiste de haut niveau. La plupart du temps, je suis capable de soutenir une conversation intéressante, de conduire ma voiture avec des protocoles que j'ai moi-même définis, et de travailler avec des personnes différentes de moi. J’ai appris à ne pas me mettre les pieds dans les plats en créant un second moi au travail. Je me suis construit une carapace et mes collègues ne sont pas au courant de ma condition. Je ne veux surtout pas souffrir davantage d’un état que je n'ai pas souhaité. Je suis capable de vivre seul en appartement, de gérer mon temps et mes loisirs, et de faire du bénévolat pour un ensemble vocal de la région de Terrebonne où je collabore aussi au montage d’un spectacle annuel en tant qu'assistant technique.
Toutefois, il y a des situations où je ne sais pas comment réagir, et je me fais alors l’effet d’être un robot qui attend ses ordres. Les gens sarcastiques, je ne sais pas trop comment les aborder. Alors je ris de leurs niaiseries et ça passe mieux. J'ai mis en place un réseau d'amis qui demandent régulièrement de mes nouvelles. Quand je ne vais pas bien, ils m'aident à trouver une ressource pour me remettre sur pied. J'ai souffert dans le passé de dépression nerveuse générale, affection que j'ai réussi non pas à guérir mais à rendre plus tolérable en gérant mieux mes émotions. Certaines personnes de mon entourage sont maintenant au courant de ce que je vis. Je sais que je ne peux pas guérir, mais je peux améliorer mon état et ma qualité de vie. Comme je suis intéressé à l’informatique, j’ai pu obtenir en ligne des outils qui me permettent de travailler dans l’anonymat pour réaliser mes projets. J'ai découvert le bien-fondé de mes doutes sur ma santé mentale en consultant les sites suivants : http://www.rdos.net/fr/; http://www.psychomedia.qc.ca/tests/echelle-diagnostique-de-l-autisme-et-de-l-asperger-raads-14-screen). Quant au présent site -- http://www.psychomedia.qc.ca/autisme/test-echelle-diagnostique-de-l-autisme-et-de-l-asperger-raads-14-screen -- il m’a permis d’avoir accès à un bon test diagnostique.
L’aide de ma famille m'est maintenant essentielle dans mon cheminement pour atteindre mon plein potentiel. Le système de santé canadien n'est pas des plus axé sur la maladie mentale. En effet, soigner le physique est beaucoup plus facile, sauf en ce qui concerne les maladies mortelles telles que le cancer et le SIDA. Traiter la maladie mentale me parait aussi difficile que de répertorier dans le monde entier toutes les personnes qui en souffrent d’une façon ou d’une autre. J'ai des ressources à proximité de mon domicile si un jour je sens que j'ai besoin d'aide. Elles sont là, je le sais; j'ai répertorié, comme tout bon autiste, tous les organismes et commerces qui peuvent m’être utiles près de chez-moi.
Je ne me plains pas de mon sort. Bien sûr, le fait que nous nous sommes séparés récemment, ma conjointe et moi, n'a pas aidé ma cause, mais bien plus la sienne. Je n’en suis pas mort, cependant. Sur le coup, il m’a semblé insurmontable d’avoir à gérer ma nouvelle vie. Mais j’ai réussi à bien tirer mon épingle du jeu grâce au soutien de mes amis et de ma famille. Je vis seul depuis neuf mois et je n'ai pas envie actuellement d'avoir une compagne. Il m'est difficile de savoir à qui je peux faire confiance, à part mon entourage immédiat.
Le dépistage est primordial, sans ça on passe à côté de nos jeunes qui n’auront d'autres choix comme moi de se débrouiller, quitte à se fabriquer une carapace qui, un jour peut-être, leur sera fatale. On s'enferme vite dans un monde qu’on peut se créer. De ma jeunesse, je n'ai aucun souvenir qui me vienne facilement à l’esprit. J’'ai demandé à mon cerveau de tout mettre dans un tiroir et de déposer la clef dans un autre qui en contient des centaines d’autres. C'est comme ça que je perçois ma mémoire qui, de temps en temps, laisse échapper des bribes de souvenirs. Il y a eu un événement dans ma vie qui m'a fait sombrer dans cette fameuse dépression nerveuse sévère, et je ne VEUX PAS le revivre.
Je connais une jeune personne qui souffre possiblement d’autisme. Avec l’accord de ses parents, j'essaie de l'aider de façon générale et à se sentir mieux dans sa peau à l’école. Qu’on me comprenne bien : je crierais ma différence sur tous les toits, mais je sais comment je serais traité par mes collègues de travail, déjà que je souffre de mon bon embonpoint. Je veux garder mon emploi. Récemment, on m'a clairement proposé de prendre la porte. Sur la défensive et ne sachant pas trop quoi dire, j'ai proposé de baisser mon salaire, lequel n'est pas faramineux mais, chose certaine, c’est quand même mieux que l'aide sociale.
Je connais l'humoriste Louis T. J'ai quelque part un enregistrement d’un de ses spectacles que je pourrai revoir quand ça me le dira. Louis T. sait ce que nous vivons tous les deux. De savoir que d'autres autistes ont réussi dans la vie me donne l’espoir que la société va finir par se débarrasser de ses préjugés. Ce sera peut-être quand tous les dinosaures des vieilles générations seront rendus à leur dernier repos parce que, pour eux, je fais semblant d'être malade pour ne pas travailler, alors que je démontre le contraire. J'ai un taux d'erreur de 0,001% dans le cadre de mon travail alors qu'aucun autre service ne dépasse 25%. Merci de m'avoir permis de m’exprimer de façon spontanée pour que vous me connaissiez mieux. Je suis Alain. Je suis autiste et je me porte quand même bien.
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L’autisme
L’autisme est une condition mentale qui se caractérise par deux familles de symptômes principales. D’une part, on dénote des difficultés importantes pour la communication et les interactions sociales, marquées par un manque de réciprocité sociale. Par exemple, l’interprétation du langage non-verbal et des règles sociales implicites peut être difficile pour une personne autiste. D’autre part, on observe que les activités et les intérêts des personnes autistes sont généralement peu nombreux, mais très développés. La répétition a un caractère rassurant pour les personnes autistes, tandis que les changements peuvent provoquer une réaction de détresse démesurée.
Manifestations
Les premières manifestations de l'autisme peuvent apparaître entre un et deux ans après la naissance. Ceux-ci incluent une absence de sourire, une absence de contact visuel, et un manque de communication avec les adultes de leur entourage. Puis, lors de l’enfance, on peut voir apparaître un désir d’être seul, une difficulté à établir des contacts avec autrui, des crises de larmes ou de colère, une résistance aux changements dans leur routine, et une fascination pour des jeux à caractère obsessif ou répétitif. L’apparition de ces manifestations devrait normalement suggérer une évaluation par un psychologue selon les critères du DSM-V. Ces critères visent essentiellement à mesurer la présence et la sévérité des déficits de communication, ainsi que la préférence pour les activités répétitives.
Causes
Les causes de l’autisme ne font pas l’objet d’un consensus. On pense toutefois qu’il existe des prédispositions génétiques qui augmentent le risque de développer un trouble du spectre de l’autisme. De plus, des événements survenus pendant la grossesse de la mère d’un enfant autiste pourraient aussi être en cause. Enfin, des facteurs environnementaux tels que la pollution et l’exposition aux métaux lourds pourraient également contribuer à l’apparition de l’autisme.
Statistiques
Le trouble du spectre autiste (TSA) est environ quatre fois plus fréquent chez les garçons que chez les filles.
La plupart des personnes autistes ont reçu leur diagnostic avant l’âge de 12 ans.
Près de la moitié des autistes ont reçu leur diagnostic avant l’âge de six ans.
Traitement
Il n’existe aucun traitement qui permet de guérir l’autisme. Toutefois, une combinaison de thérapies et d’interventions adaptées à l’individu peuvent réduire les symptômes et augmenter la qualité de vie. Par exemple, les interventions peuvent être focalisées sur la socialisation ou sur la communication, selon les besoins de l’individu. Les interventions avant l’âge scolaire sont généralement plus efficaces, puisque le cerveau a encore le temps de se développer. Néanmoins, beaucoup de personnes autistes finissent par mener une vie normale ou quasi-normale à l’âge adulte, même en l’absence de traitements.
Bibliographie http://www.autisme.qc.ca/tsa/quest-ce-que-le-tsa.html http://www.autisme.qc.ca/tsa/recherche/etiologie.html http://www.autisme.qc.ca/tsa/lautisme-en-chiffres.html http://www.vaincrelautisme.org/content/definition