Les modèles d’attachement chez l’humain
L’attachement est perçu comme un besoin inné universel. Plus précisément, John Bowlby (1969) décrit l’attachement comme un système comportemental inné, visant au rapprochement du bébé avec la personne répondant à ses besoins, soit la figure d’attachement. Au départ, un bon attachement permettrait au bébé d’explorer son environnement en se sentant protégé et rassuré par la présence de sa figure d’attachement. Puis, ce lien d’attachement serait intériorisé par l’enfant, et ce même lien façonnerait sa manière d’entrer en relation avec autrui.
Ce sont les travaux de Mary Ainsworth (1978) qui ont permis d’identifier les trois modèles d’attachement selon la sensibilité, c’est-à-dire selon la rapidité et la pertinence des réponses de la figure d’attachement aux besoins de l’enfant :
1. Attachement sécurisant : L’enfant comprend que la figure d’attachement est disponible et sensible à ses besoins. Celle-ci représente une base de sécurité qui lui permet ainsi d’explorer son environnement. Lors d’une séparation avec la figure d’attachement, l’enfant exprime peu de détresse et est réconforté lorsque cette figure revient.
2. Attachement anxieux-ambivalent : L’enfant comprend que la figure d’attachement n’est pas souvent disponible pour lui et donc pas fiable. Par exemple, lorsque l’enfant doit se séparer de sa figure d’attachement, il exprime beaucoup de détresse et est difficilement consolable lors des retrouvailles. Il rejette la figure d’attachement en même temps qu’il la recherche.
3. Attachement anxieux-évitant: Le bébé comprend que la figure d’attachement ne répond pas à ses besoins, surtout lorsqu’il manifeste une vulnérabilité émotionnelle. L’enfant explore son environnement seul et, lorsqu’il est séparé de la figure d’attachement, il exprime peu de détresse et ne recherche pas le contact avec elle.
Le 4e modèle a été découvert par Mary Main et J. Solomon en 1990 :
4. Attachement désorganisé-désorienté: L’enfant exprime une très grande détresse et peut adopter des comportements contradictoires, ainsi que montrer des signes de dépression, de confusion, ou manifester une colère extrême. Il peut parfois être effrayé ou réconforté par le parent. De plus, c’est un enfant qui est souvent victime de maltraitance.
La capacité de l’enfant à créer avant trois ans un lien avec la figure d’attachement est un facteur primordial dans son développement normal. Un échec à établir un lien dès l’enfance entraîne des troubles importants et difficilement réversibles au plan social. Entre autres effets, Michael Rutter affirme que cela entraînerait une inadaptation sociale chez l’enfant, pouvant être surmontée toutefois par son placement dans un environnement plus adéquat. De plus, selon lui, plus la séparation de la figure d’attachement est longue, moins il est facile pour l’enfant de s’adapter. Ainsi, l’enfant abandonne l’idée que ses parents (ou une autre figure d’attachement) puissent prendre soin de lui et l’aimer. Lui-même se montre aussi peu disponible à aimer. En plus d’avoir des séquelles émotionnelles, l’enfant en aurait aussi sur le plan cognitif et social.
Les modèles d’attachement à l’âge adulte
Le style d’attachement développé à l’enfance semble s’imposer au passage à l’âge adulte. En effet, d’après l’étude de Peter Fonagy et al (996), la mère ayant un type d’attachement anxieux-ambivalent ou anxieux-évitant retrouve un enfant évitant et inconsolable après une période de séparation. Par contre, la mère ayant un attachement sécurisant retrouve un enfant moins angoissé.
Les styles d’attachement chez les adultes ont également été explorés dans le contexte des relations amoureuses par Cindy Hazan et Phillip Shaver (1987), confirmant la théorie de Ainsworth. Les résultats ont démontré que l’adulte qui a bénéficié d’un style sécurisant exprime ses émotions ouvertement et honnêtement à son partenaire, ce qui fait qu’il a moins tendance à souffrir de dépression ou d’autres troubles psychologiques. Les deux partenaires se sentent à la fois indépendants et aimants l’un envers l’autre. L’adulte ayant le style anxieux-ambivalent tend quant à lui à vouloir une relation fusionnelle. En effet, lorsqu’il ressent de l’insécurité face aux sentiments de l’autre, il devient pot de colle et exigeant, ce qui peut entraîner une relation conflictuelle dans le couple et à nuire à la relation. D’un autre côté, l’adulte ayant le style anxieux-évitant tend à se méfier et à se distancer émotionnellement de son partenaire, voulant être très indépendant. L’adulte ayant un style désorganisé a souvent peur d’être trop proche ou loin de son partenaire. Il est pris dans un tourbillon d’émotions qu’il ne comprend pas, ce qui peut rendre sa relation imprévisible et très instable.
En conclusion, bien que les styles d’attachement tendent à s’enraciner à l’âge adulte, la prise de conscience du problème et la thérapie pourraient permettre de changer les types d’attachement mal adaptés.
RÉFÉRENCES
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Psychomédia. (2006). Les styles d'attachement chez l'enfant. Repéré à http://www.psychomedia.qc.ca/enfance/2006-10-05/quels-sont-les-styles-d-attachement-chez-l-enfant
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La théorie de l’attachement et les relations interpersonnelles. Repéré à https://www.psychaanalyse.com/pdf/LA%20THEORIE%20DE%20L%20ATTACHEMENT%20ET%20LES%20RELATIONS%20INTERPERSONNELLES%20-%20PRESENTATION%202004%20(16%20Pages%20-%2045%20Ko).pdf
Psychomédia. (2011). Quels sont les styles d'attachement dans les relations amoureuses ? Repéré à http://www.psychomedia.qc.ca/couple/2011-02-14/styles-d-attachement-adulte-relations-amoureuses
Firestone, L. (2013). Repéré à https://www.psychologytoday.com/us/blog/compassion-matters/201307/how-your-attachment-style-impacts-your-relationship