Le parent trop souvent oublié
Le mois dernier, l’équipe de Neuropresse a écrit un texte collectif pour rendre hommage aux mamans à l’occasion de la fête des Mères, et pour rappeler combien il est important de leur manifester notre amour et notre reconnaissance.
Aujourd'hui, nous venons témoigner, tous ensemble, de notre amour et de notre admiration envers nos papas et nous tenons à souligner le rôle -- important -- qu'ils jouent dans nos vies.
retrouvée sur : https://lpartworks.tumblr.com/post/170270247849/%D1%81ause-you-are-loved-you-are-loved-more-than-you/amp
La fête des Pères, d’hier à aujourd’hui
Ce sont les pays de confession catholique qui, au XVe siècle, ont pris l’initiative de rendre hommage aux pères de famille. Le but était de répandre la célébration de la fête de Saint Joseph le 19 mars, et de présenter aux fidèles le père adoptif de Jésus comme le modèle du père de famille. Mais la tradition de fêter les pères a connu des débuts difficiles. D’abord, la fête n’était observée que de façon épisodique et pas toujours à la même date, ce qui a semé la confusion. Puis, il faudra attendre un siècle avant que la journée dédiée aux pères de famille ne devienne véritablement un jour férié pour l’Église universelle. Encore aujourd’hui, dans certains pays de tradition catholique tels que le Portugal, l’Italie et l’Espagne, la fête des Pères a lieu le 19 mars.
Pour comprendre l’origine de la fête civile que nous connaissons aujourd’hui, il faut retourner plus de 100 ans en arrière. En effet, au début des années 1900, l’institutrice américaine Sonora Smart Dodd exerçait son droit de citoyenne en proposant que le 19 juin soit une journée dédiée aux pères. Après nombre d’essais infructueux, elle réussit à faire adopter sa proposition. Ses motivations étaient tout à fait honorables ; elle désirait rendre hommage à son père qui, devenu veuf, avait consacré sa vie à l’éducation d’une famille nombreuse. Quelques années plus tard, la fête des Pères devenait officiellement une fête nationale et un jour férié aux États-Unis. Il est intéressant de noter que la fête des Mères et celle des Pères ont été toutes deux une initiative de citoyennes et de citoyens de nos voisins du Sud.
De l’autre côté de l’Atlantique, chez nos amis français, la célébration de la fête des Pères a d’abord pris l’allure d’une initiative de nature commerciale. En effet, le fabricant de briquets à gaz « Flaminaire » voit là une belle occasion de mettre sa marque de commerce sur les lèvres de tous grâce au fameux slogan : « Nos papas nous l'ont dit, pour la fête des Pères, ils désirent tous un Flaminaire ». Le succès de cette campagne de publicité a certainement hâté l’adoption par décret de la fête des Pères, sans pour autant faire du 3e dimanche du mois de juin un jour férié.
L’anxiété chez les pères durant la périnatalité
Aujourd’hui, pour célébrer la fête des Pères, nous aimerions rappeler le rôle qu’ils jouent au sein d’une famille, en particulier lors de la périnatalité. Cette période comprise entre la 22e semaine d’absence des règles et le 7e jour suivant la naissance peut faire apparaître la vulnérabilité de bien des pères. Le père est trop souvent le « parent oublié » dans les discussions sur la santé mentale et la périnatalité. En effet, il existe un stéréotype voulant que le père doive maîtriser ses émotions, faire preuve de résilience et être capable de rassurer sa partenaire au besoin. Pour certains, être un bon père consiste d’abord à être un bon partenaire. Or, plusieurs pères indiquent avoir été mal préparés à l’arrivée d’un enfant.
Des études récentes se sont penchées sur l’anxiété des pères lors de la période périnatale. Il s’agit d’une thématique d’étude moins courante dans la littérature scientifique que la dépression chez les pères, bien que l’anxiété (prévalence de 17,4 %) soit nettement plus prévalente en période périnatale que la dépression (prévalence de 4,1 %). Si elle n’est pas prise en charge, l’anxiété périnatale peut occasionner une mauvaise gestion des rôles parentaux, de la fatigue, voire une baisse de soutien entre les conjoints et une diminution de la qualité de la relation parent/enfant.
Plusieurs facteurs peuvent favoriser le développement de l’anxiété périnatale chez les pères : un faible niveau d’attachement pour le bébé, ou encore un attachement anxieux pour celui-ci ; avoir des jumeaux peut également augmenter le niveau d’anxiété ; un état anxieux déjà existant avant la période périnatale ; le stress vécu en assistant à l’accouchement ou à un accouchement antérieur. On note aussi que des facteurs démographiques peuvent miner la santé mentale du père : un faible niveau d’éducation, un faible revenu, être père à un jeune âge, l’intolérance de l’incertitude, une faible estime de soi, des conflits entre le travail et la famille, la consommation fréquente d’alcool et la consommation de tabac. Ce sont là tous des facteurs qui peuvent contribuer à accroître le risque de vivre de l’anxiété en période périnatale.
Les pères qui ont vécu de la détresse durant la grossesse de leur conjointe ou la période post-partum se demandent si leurs sentiments sont légitimes. Or, pour bon nombre de pères, les stratégies pour gérer le stress au travail ou dans d’autres sphères d’activité se révèlent inefficaces. Ils sont souvent portés à se montrer flegmatiques face aux événements, de crainte d’être ridiculisés à cause des stéréotypes masculins. Pour assurer le bien-être des parents, les chercheurs sont d’avis que la psychothérapie devrait être offerte aux couples plutôt qu’aux pères ou aux mères pris individuellement. Malheureusement, les services périnataux n’offrent des services qu’aux mères. Les pères se sentent donc exclus et remettent en question leur rôle.
Toujours dans le cadre de l’étude, les chercheurs ont demandé aux pères de décrire leurs symptômes de stress. Ceux-ci se sont avérés plutôt de nature cognitive qu’émotionnelle. Par exemple, les hommes disaient ressentir de la culpabilité parce qu’ils avaient le sentiment d’être incapables d’aider leur conjointe, étant trop absorbés par leurs occupations professionnelles. Ils se sentaient coupables aussi d’être mal dans leur peau. Les pères se disaient également plus irritables, moins patients envers leur épouse en période de stress.
En général, les hommes expriment leur détresse psychologique de manière plus subtile que les femmes. Du coup, la souffrance des hommes est plus difficile à détecter et à être prise en charge. Les hommes ont également moins tendance à demander de l’aide psychologique formelle. La plupart des pères ont tendance à chercher du soutien auprès de leur épouse plutôt qu’auprès de leurs amis ou d’autres membres de la famille. Certains ont pu trouver chez leur conjointe le soutien nécessaire, d’autres non, car il arrive que la conjointe n’accepte pas l’état anxieux du père, interprétant cet état comme une faiblesse. Ce genre de comportement est le résultat d’une stigmatisation qui n’a pas lieu d’être.
Il faut admettre, et on le déplore, que les séances de soutien psychologique pour les pères et les ressources pour obtenir de l’information se font rares. Toutefois, le principal problème trouve sa source dans les stéréotypes de masculinité qui découragent les pères à chercher de l’aide à l’extérieur de son entourage. Même si les ressources existaient, on considère que peu de pères y auraient recours.
Un changement de paradigme est nécessaire en vue d’aborder les relations parent-enfant dans une perspective globale qui tient compte des risques tant pour les pères que pour les mères. La santé mentale du père est importante, car elle a un impact sur tous les membres de sa famille. D’autant plus que, selon certaines études, les pères sont appelés à jouer un rôle de plus en plus important dans les soins à apporter aux enfants, au fur et à mesure que les mentalités changent à propos du partage des tâches dans le couple. Parfois, un père sera réconforté d’apprendre qu’il n’est pas seul, que d’autres pères vivent la même chose que lui, qu’un de ses amis, par exemple, a aussi de la difficulté à dormir depuis qu’il est devenu papa. C’est en établissant un meilleur réseau de soutien pour tous que l’on peut réduire l’anxiété périnatale.
Nos papas, toujours dans nos coeurs
En guise de conclusion, voici le témoignage d’amour d’un enfant à l’endroit de son père :
« Mon papa chéri, aujourd’hui est un jour spécial, car il est consacré à la personne la plus importante à mes yeux, toi.
« Tous les mots du monde ne suffiraient pas pour décrire toute l’importance que tu as dans ma vie, et tout l’amour que j’ai pour toi.
« Tous les jours, je te vois faire des sacrifices pour mon bien-être et mon avenir ; je te vois supporter le fardeau du monde sur tes épaules, subir un stress quotidien sans jamais faillir. Je me rends bien compte de la chance que j’ai d’avoir un papa comme toi, aimant, prêt à tout pour sa famille, toujours présent, dans les moments difficiles comme dans les moments heureux. Et je pourrais encore allonger cette liste.
« Papa chéri, tu l’auras compris, je t’aime du plus profond de mon coeur. Je suis reconnaissante tous les jours de t’avoir comme père, un modèle aussi valeureux et bienveillant, qui ne me laisse jamais tomber et qui prend soin de moi mieux que personne. Mais maintenant, c’est à mon tour de prendre soin de toi, de faire attention à toi et de te choyer. Joyeuse fête des Pères à toi. Je t’aimais, je t’aime et je t’aimerai. “
Au nom de l’équipe Neuropresse, joyeuse fête des Pères !
Références
.Pierre Jounel, Le Renouveau du culte des saints dans la liturgie romaine, C.L.V., 1986, p. 116
.Ralph LaRossa, The Modernization of Fatherhood : a Social and Political History, University of Chicago Press, 1997, p. 172
.Marilyn J. Coleman, Lawrence H. Ganong, The Social History of the American Family, SAGE Publications, 2014, p. 527
.Florent Deligia, « Quelles sont les origines de la fête des Pères ? », sur lyoncapitale.fr, 21 juin 2015.
.Darwin, Z., Galdas, P., Hinchliff, S., Littlewood, E., McMillan, D., McGowan, L. et Gilbody, S. (2017).Fathers’ views and experiences of their own mental health during pregnancy and the first postnatal year: a qualitative interview study of men participating in the UK Born and Bred in Yorkshire (BaBY) cohort. BMC Pregnancy and Childbirth (2017). 17(1), :45-60. DOI 10.1186/s12884-017-1229-4
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